19 Décembre 2007
Tom, de ses grands yeux rêveurs, le ton un peu interrogatif, avec ce je ne sais quoi d’inquiétude, me demande ce jour-là : »Dis Grand’mamie, c’est qui que tu préfères entre Joseph et Moi ? Son sourire tremble un peu et il me lance de l’eau en jouant avec sa main dans la piscine. Nous sommes tous les trois, Tom, Joseph et moi dans la piscine, et Joseph s’accroche à moi pour éviter de boire trop d’eau…
Instant intangible , magie du moment, autour de nous, le monde s’est arrêté tant la réponse à cette question est importante. A 7 ans, on se pose ces questions-là, et j’aime que Tom parvienne à exprimer son inquiétude. Tom, mon tout premier petit fils, celui qui m’a appris le métier de « Grand’mamie » est là devant moi et il attend ma réponse. Joseph, lui, n’échappe pas à la magie du moment, il me regarde, sérieux tout à coup, l’air de dire : » bon, alors tu te décides oui »…Lui ne parle pas encore, mais ses vocalises expriment par le ton et la rapidité, toute son attente.
PFFFFF…..Bon, alors heu…..voilà. Il serait idiot de lui dire : personne, ou ni l’un ni l’autre. Ce serait comme nier l’amour que je leur porte. Il serait malvenu de dire : c’est toi, en pensant que Joseph est trop petit pour comprendre, il serait stupide de ne rien dire et de plaisanter. Alors j’ai répondu à mon tout petit si grand, mon inquiet si tendre, mon petit du Québec qui fait fondre mon âme lorsque je l’imagine si loin, voilà ce que je lui ai répondu, et cette réponse peut aussi s’adresser à tous ceux que j’aime.
« Il y a Tom dans l’âme des mamans, et des Grand’mamies (ce sont de vieilles mamans c’est vrai quoi) quelque chose de magique : chaque fois qu’un enfant lui arrive, un nouveau cœur y pousse, réservé spécialement pour cet enfant là et lui tout seul. L’amour ça ne peut pas être nommé comme une « préférence », l’amour que j’ai pour toi il est unique, tout seul, immense, incomparable. Je t’aime Tom, je t’aime comme je n’ai jamais aimé personne et comme je n’aimerai personne, c’est un amour à toi, le tien, celui que tu porteras lorsque tu seras un homme et que je serais bien vieille ou ailleurs, ou au-delà de cette vie là. Cet amour tu vois, il te suivra toute ta vie parce que je veille sur toi depuis le jour de ta naissance, comme je veille sur Joseph depuis le jour de se naissance, comme je veille sur Anne, Cédric et Gaïlle, comme je veille sur…tous ceux que j’aime. On ne peut pas cesser de veiller et de protéger ceux que l’on aime, jamais. Il y aura toujours pour toi Tom, le frottement d’une aile d’oiseau qui te rappellera que je t’aime, et que cet amour est unique.
Je ne sais pas si tu as compris comme c’est important ce que je viens de dire ais-je rajouté dans la piscine, mais ce que je sais, c’est que ca restera en toi pour toujours….Et Joseph a éclaté de rire…
Quant à Tom, lui, il est venu tout contre moi, avec Joseph et il nous a entraîné dans une ronde dans l’eau…
Je voudrais tant que Tom sache que cette vérité là est importante, que je n’ai pas voulu éviter de lui répondre, mais surtout lui faire comprendre que c’est ainsi que je vous aime. Chacun un cœur, chacun une relation privilégiée, chacun ma préférence…