Ce titre est le titre d'un livre, (Edition Robert Laffont de judith viorst).
Mais il est aussi bien souvent le "titre" du livre de notre vie quotidienne. La peur provoque le contrôle, et la peur ultime échappe à tout contrôle. Comment faire face alors à l'angoisse qui apparaît?
On entend aussi très souvent : "lâche prise". Oui, et tu fais comment toi pour lâcher prise?
Dans la vie nous avons tous de ces interrogations, de ces souhaits, de ces envies : « je voudrais tant être détachée de cette émotion trop forte, je ne parviens pas à laisser mes enfants, mes proches, vivre leur vie, je voudrais tout contrôler parce qu’ainsi je suis rassurée, rien ne m’échappe et je peux faire face…. » Et très vite nous saturons, nous ne parvenons plus justement à faire face, il nous devient impossible de nous « arrêter » juste un instant pour, tout simplement, vivre…écouter la musique de la vie…souffler un peu, être "heureux sans contrainte ni inquiétude.
Et alors, il y a souvent une personne bien intentionnée qui nous dit « mais lâches prise…. » ou plutôt « mais lâches moi… ». Oui, mais non, comment faire pour « lâcher » ?
D’abord reprenons le sens des mots :
Lâcher et Prise
C’est très fort cette expression :
lâcher signifie souvent pour nous : perdre quelque chose. Si je lâche un vase, il se brise, si je lâche la main du petit enfant, il risque un accident, si je lâche ma fourchette, ….je ne peux pas manger. Si je ne pose pas de questions à mon fils, il ne saura pas se débrouiller dans sa vie,….Il y a dans ce mot des symboles forts : la perte, le risque, l’abandon, la peur.
Mais est-ce vraiment le sens que l’on peut donner à ce mot lorsqu’il est collé à « prise » ? Nous y reviendrons plus tard.
Prise représente encore un acte de possession, de pouvoir, d’appartenance. « Je prends ce qui m’appartient ». Une prise signifie aussi en escalade, une technique de sécurité. Il y a dans ce mot plusieurs symboles : la sécurité, l’appartenance dans le sens « c’est à moi ».
Ces deux mots recèlent en eux une force de « sécurité, et de perte ». Bizarre non ?
La parabole suivante* illustre bien cette ambivalence, et démontre qu’il est possible de vivre le Lâcher-prise de deux postures différentes :
Un sage un jour, dis à ses élèves : prenez deux pierres précieuses dans vos mains, et tendez vos mains vers moi en serrant très fort ces pierres. Elles sont à vous. Vous pourrez ensuite les utiliser pour faire tout ce qui vous tient à cœur dans la vie et ne les perdez pas. Si vous les lâchez, elles ne vous appartiennent plus.
Maintenant tendez vos mains vers moi et…..OUVREZ les mains.
Que se passe t’il ? Pour ceux qui ont ouvert les mains, paume face au sol, les pierres sont tombées, elles ne leur appartiennent plus. Pour ceux qui ont ouvert les mains, paume face au ciel, les pierres sont restées. Ils peuvent les utiliser pour agir dans leur vie.
Le Lâcher-prise est-ce « ouvrir son âme face au ciel » ? Plutôt que d’ouvrir son esprit face au sol ?
VOTRE PERCEPTION DU LACHER-PRISE
Nous avons tous une perception spécifique qui varie en fonction de nos expériences. Pour l’un « Lâcher-prise » équivaut à se lancer dans le vide du haut d’une montagne, pour l’autre cela correspond plus à une perte de pouvoir sur soi et sur les autres, pour d’autres encore lorsque l’on prononce ce mot, ils ressentent comme une insatisfaction latente, « je n’y arrive pas » etc.
Quelle est votre propre perception ?
En quoi c’est important pour vous de Lâcher-prise ?
Qu’est-ce que vous sacrifiez en ne le mettant pas en pratique ? Quel avantage « caché » trouvez-vous à ne pas le faire ?
Posez vous ces questions et tentez d’y répondre pour vous-même.
En ce qui me concerne, j’ai pris tout mon temps pour comprendre…A peu près 60 ans…et je n’ai pas terminé mes questions face à ce vaste sujet. Pourquoi ? Parce que le Lâcher-prise ce n’est certainement pas une technique que l’on possède une fois pour toutes, et on se surprend souvent à reproduire le même schéma que l’on croyait pourtant avoir définitivement éradiqué de son comportement….Ouvrir son âme chaque matin face au ciel…
Pour vous aider dans vos réponses, voici quelques réponse que j’ai pu entendre lors de séminaires, ou que je me suis faites à moi-même :
En quoi c’est important pour vous de….
C’est important pour moi parce que je cours sans arrêt, je ne me pose plus, je suis en « action » sans jamais me laisser le temps de me poser pour méditer, ou souffler, ou profiter de la vie.
C’est important pour moi parce que je suis malade, j’ai besoin d’avoir confiance en mon médecin, et je remets sans cesse en cause ce qu’il me dit, je ne prends pas les ordonnances, car je lis les notices et cela me fait peur….
C’est important pour moi parce que suis un chercheur, je souhaite évoluer, être quelqu’un sur qui l’on peut compter, apporter de l’aide aux autres. Mais en fait, je me mêle souvent de la vie des autres sans qu’ils me le demandent ou je fais les choses à leur place. Je pense aussi savoir « Lâcher-prise » lorsque tout va bien, que je suis en bonne condition de méditation, mais dans la vie quotidienne, je n’y parviens pas.
C’est important pour moi parce que mes enfants grandissent etqu’ils doivent prendre leur vie en charge, cela me fait tellement peur, je ne veux pas qu’ils souffrent, je veux leur éviter tout problème…
C’est important pour moi parce que je vis un deuil et qu’il y va de ma survie…
C'est important pour moi parce que l'angoisse devient pour moi un état exténuant, je ne parviens pas à me contrôler et alors je voudrais que disparaisse le problème qui crée cette angoisse. Je me dis que s'il disparait, j'irais mieux, mais en fait, chaque fois, je replonge.
Ensuite, il est facile de trouver ce que l’on sacrifie et les avantages « cachés » non ?
Un exemple ? Ok.
C’et important pour moi parce que mes enfants grandissent et qu’ils doivent prendre leur vie en charge, cela me fait tellement peur, je ne veux pas qu’ils souffrent, je veux leur éviter tout problème
Sacrifice : parent surmené, qui gère tout, qui s’occupe du moindre détail, qui fait à la place de sa famille. Frustration. Envie parfois de tout envoyer promener, stress intense, charge de plus en plus lourde car « on » sait que vous assurez. Sensation de ne plus s’appartenir.
Avantage « caché » : je suis quelqu’un de bien, la famille compte sur moi, je suis une « bonne » mère, mon image est celle de quelqu’un qui « assure », sur qui l’on peut compter.
Pour Lâcher-prise il faudrait alors –abandonner- l’image et l’activisme.
Maintenant que nous avons identifié notre perception du Lâcher-prise, nous pouvons nous approcher des moyens qui nous permettraient d’y parvenir.
QUELS SONT LES ELEMENTS QUI VOUS PERMETTENT DE LACHER-PRISE ?
Commençons par analyser ce qui se passe en nous lorsque nous parvenons à Lâcher-prise. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’homme est ainsi fait qu’il sait trouver en lui, les ressources utiles à son évolution en utilisant ses propres réussites, voire celles des autres parfois. Et cela exige de prendre le TEMPS de le faire.
Souvenez-vous d’un moment où vous avez vécu cette sensation de lâcher-prise. Prenez un exemple fort, qui vous parle, revivez l’émotion ressentie, la puissance dégagée en vous ensuite.
Quel est le contexte ?
A quel moment avez vous décidé qu’il fallait « lâcher »
Pourquoi ?
Quels sont les « warnings » qui vous ont poussé à Lâcher-prise ? Ce que j’appelle les warnings ce sont ces petits signes énervants qui surviennent lorsque le stress est trop lourd, lorsqu’une situation devient embarrassante.
Un exemple ? Ok :
Il m’arrive très souvent de faire des trajets en voiture. La plupart du temps c’est une joie magnifique, j’écoute de la musique, je profite du paysage, je me détends et les idées arrivent….Mais….
Parfois le conducteur devant moi m’agace terriblement, je me surprends à grogner puis à utiliser l’avertisseur, je fais rugir le moteur et au final, je suis en nage…..et en rage.
C’est un Warning….cet état d’énervement ne vient évidemment pas de ce pauvre conducteur qui a le malheur de se trouver devant moi….il vient du fond de ma mémoire, du fond de mon âme, il me prévient qu’i y a quelque chose qui ne tourne plus rond dans ma vie.
Un autre exemple ? Ok :
Je prépare le repas : je me coupe légèrement,
Je fais de la couture : je me pique le doigt
Je fais du jardinage : Je prends une écharde
J’anime un séminaire : le matériel ne fonctionne pas
Je démarre ma voiture : elle tousse avant de s’arrêter
Petits rien quotidiens ? oui, hasard ? peut etre..Mais lorsqu’ils s’additionnent, je les appelles mes « warnings » et je me pose.
Quels moyens avez-vous utilisés pour lâcher –prise ?
Respiration ?
Méditation ?
Enseignements ?
Lecture ?
Marche ?
Un tour en voiture ? (oui oui ca fonctionne très bien)
Ecriture ? (une lettre à vous-même ?)
Echanges avec des amis ?…
En fait nous possédons tous notre propre solution. La « technique » n’est elle pas de savoir PRENDRE LE TEMPS, le recul nécessaire pour y faire face ? Bien entendu, cela ne fonctionne pas toujours, bien entendu, nous devrons y revenir à plusieurs reprises, et parfois demander de l’aide ici …oui ailleurs…. A ce sujet, « demander de l’aide » est un superbe entraînement au « Lâcher-prise « , il n’est pas très loin le temps où l’on me surnommait « MTS » MOI TOUTE SEULE. Mais depuis quelque temps, je l’entend moins, je sais dire « j’ai besoin d’un coup de main ».
QUELS SONT LES ELEMENTS QUI NE VOUS PERMETTENT PAS DE LACHER-PRISE
Et oui, prenons aussi le temps d’analyser, de méditer sur ce fait : parfois cela NE MARCHE PAS ; Pourquoi ?
En fait nous avons tous des raisons différentes de « saboter » notre projet. Au jeu des questions nous trouvons :
A quel moment vous avez repris le contrôle de la situation sur laquelle vous vouliez Lâcher-prise ?
Au tout début ? Que s’est-il passé ? Est ce une réflexion de quelqu’un ? Est-ce une peur subite d’un risque trop important ? Est-ce un événement imprévu ? Est-ce juste le fait de vous dire « ok, je verrais ca plus tard, pour cette fois, …. »
Pendant que vous pensiez y être arrivé ? Avez vous repris trop vite une activité qui vous remettait en situation de ne pas le faire ?
Est-ce tout à la fin ? Est ce la peur de réussir ? L’engagement devant lequel vous vous trouviez : maintenant que je sais faire, ….
Dans quel contexte ? Etiez vous fatigué ? Avez vous surestimé vos forces ?
C’est difficile de faire ce travail, nous avons besoin de l’équilibre physique, mental, psychique et spirituel.
Quel « équilibre » avons-nous sous-estimé ? En ce qui me concerne, je m’aperçois que c’est souvent le plan physique que je malmène. Je tente des remises en causes après des nuits blanches, ou des journées éreintantes, je suis kamikaze sur le plan physique. Ensuite, le second plan que je néglige souvent, c’est le plan…Spirituel…Bizarre ? non, pas vraiment, mon métier m’oblige à me bouger le mental et le psychisme, et là j’en fais trop. La leçon de ma vie aujourd’hui est d’équilibrer ces forces en ne négligeant rien.
Et vous, savez vous vous donner le temps de penser à vous, de vous reposer, de vous soigner ? Savez vous vous donner aussi le temps de la méditation quotidienne ? Et peut-être saurons-nous un jour, être le Lâcher-prise.
En conclusion, Lâcher-prise c’est peut-être faire de chaque instant de sa vie un instant Essentiel, comme « l’Essence du ciel ». Et cela nous demande toute une vie pour y parvenir, comme une spirale d’évolution, sans cesse travaillée.